L’USINE C est depuis 1995 un centre de création et de diffusion national et international dynamique du quartier Centre-Sud de Montréal. Elle regroupe deux salles de diffusion de 440 et 120 places, un studio de répétition, un hall d’exposition et un café.
Fondée par la compagnie de recherche et création Carbone 14, l’USINE C a fait le choix précurseur d’offrir une programmation pluridisciplinaire composée d’œuvres hybrides, au croisement du théâtre, de la danse, de la musique et des arts médiatiques.
Elle diffuse des artistes québécois·es, canadien·ne·s et étranger·e·s en danse contemporaine, offre ses locaux pour des résidences artistiques, organise des conférences données par des professionnel·le·s du milieu et des discussions après les spectacles avec les danseur·se·s et propose des ateliers et classes de maître en collaboration avec des centres chorégraphiques montréalais tels que Circuit-Est ou Studio 303.
Soutenir les compagnies de création canadiennes parmi les plus novatrices en théâtre, en danse, en musique et arts médiatiques via la coproduction, la codiffusion et l’achat de spectacles;
Soutenir les artistes de la relève via des résidences de création;
Inviter des productions étrangères parmi les plus marquantes favorisant ainsi la réciprocité internationale;
Maximiser l’accès pour le public à la création contemporaine provenant du Québec, des autres provinces du Canada et d‘ailleurs dans le monde;
Cultiver le goût des arts de la scène, en particulier des nouvelles formes hybrides de création et des arts vivants issus des nouvelles technologies par le biais d’ateliers, de classes de maîtres, de conférences et d’autres moyens de transmission des connaissances;
Inscrire la diversité canadienne des arts de la scène dans le grand réseau international de diffusion;
Croiser et fidéliser le public montréalais en donnant accès à une diversité disciplinaire et culturelle de spectacles et en adoptant une politique de tarification accessible à tous;
Stimuler la création, les échanges et le développement tant avec le public qu’avec la communauté artistique en offrant des ateliers de formation, des conférences, des rencontres et autres activités éducatives;
Sensibiliser le public aux arts visuels en présentant des expositions tout au long de la saison;
Optimiser l’utilisation de l’USINE C en rendant ses ressources et équipements mieux accessibles pour les artistes, le public et la communauté.
L’implantation de l’USINE C dans le quartier Centre-Sud de Montréal n’est pas qu’un geste immobilier. Ce choix s’inscrit dans la continuité de l’oeuvre commencée, en 1979, avec la cofondation par CARBONE 14, le Nouveau Théâtre Expérimental et Omnibus du théâtre Espace Libre situé rue Fullum près d’Ontario.
Danièle de Fontenay et Gilles Maheu, les cofondateurs de ce nouveau centre de création, ont développé avec les architectes Saucier Perrotte et les scénographes de Scéno Plus un concept d’équipement culturel qui intègre à la fois la simplicité et la convivialité à l’efficacité des équipements techniques de pointe aujourd’hui disponibles.
La réutilisation de l’ancienne usine Raymond a permis de préserver une portion d’histoire de ce quartier et de sauvegarder une pièce du patrimoine industriel montréalais. L’ancienne usine Raymond, sise en retrait des grandes artères commerciales, offrait tous les préalables nécessaires à la conception du projet que caressait CARBONE 14. Le coût peu élevé du mètre carré a permis d’étendre de plain-pied tous les lieux de production et de diffusion.
L’implantation de l’USINE C, au coût de 8 millions de dollars, dans ce secteur du centre-sud de Montréal constitue en soi un élément majeur dans la relance du développement urbain de cette portion du centre-ville. Conçue pour répondre aux exigences spécifiques de la recherche et de la création, la salle de diffusion d’une capacité maximale de 472 places peut s’adapter à toutes les configurations scénographiques.
Le corps principal de l’usine, solide et suffisamment vaste pour permettre le regroupement d’organismes culturels, a pu être restauré à peu de frais; un grand terrain vacant, entouré de rues sur trois côtés, a pu accueillir la construction des salles de répétition et de diffusion selon les dimensions souhaitées.
Tous ces avantages réunis ont permis l’aménagement et l’équipement de ce grand complexe de 50 000 pi2 incluant le centre d’arts médiatiques PRIM ainsi qu’un autre étage d’espaces locatifs, tout en respectant les budgets alloués.
Toute l’architecture fut articulée à partir de leur culture industrielle déjà présente dans le bâtiment existant et respecte la nature de l’ancienne usine. Cette volonté se révèle dans la préservation, partout où ce fut possible, des colonnes et des plafonds de béton existants; on la retrouve aussi dans le dessin industriel des poutrelles maîtresses de la salle de diffusion et dans le mur de fond de scène construit à partir de briques recyclées. Tout en étant cohérent, ce choix architectural judicieux a permis d’éviter la tentation de matériaux coûteux et de préserver ainsi, contre vents et marées, l’enveloppe destinée aux équipements de scène et à l’aménagement des studios de son et de vidéo de PRIM.
Pour répondre aux exigences d’une salle à géométrie variable, la salle de diffusion est équipée de gradins mobiles qui peuvent être déplacés rapidement sur coussins d’air; le plafond technique, conçu pour répondre à tous les dispositifs scénographiques, est également entièrement mobile et l’acoustique est prévue pour répondre aux besoins tant du théâtre que de la musique live.
Le théâtre accueille depuis maintenant 25 ans des créations avant-gardistes de toutes les disciplines artistiques et de de toutes les origines.
L’archéologie industrielle qu’offrait l’ancienne usine Raymond, la lecture de ce lieu comme une structure industrielle typique du début du siècle, la large surface de terrain adjacent que laissait le bâtiment de béton et la localisation unique presque invisible du bâtiment prônaient en faveur du choix de ce lieu. Le concept développé vise à tirer profit de la morphologie du site, de ses dimensions et à mettre en valeur sa nature industrielle.
Cette nature industrielle s’exprimera d’abord par le choix de laisser l’édifice de béton presque à son état existant, juxtaposant de manière détachée tous les nouveaux éléments nécessaires à la transformation de l’édifice en un lieu de création.
Celui-ci contient toutes les activités d’accueil, de production et d’administration. Le béton est gardé nu, l’édifice reste une masse qui s’oppose à la structure légère d’acier des nouvelles salles de spectacles et de répétition.
Partout dans l’édifice de béton, nous retrouvons une ponctuation de traces, de coupures et de déchirures; c’est l’archéologie du geste humain. De nouveaux éléments aussi coulés en béton comme le mur de la rampe, amènent cette notion d’archéologie inventée et intriguent le visiteur.
Les espaces d’accueil du hall, café, toilettes et vestiaire s’organisent à l’intérieur du rez-de-chaussée de l’usine existante sur le principe du plan libre. La simplicité de l’organisation spatiale exploite bien la nature “brute” de cet ancien lieu industriel. Cette nature industrielle sera d’ailleurs l’âme du projet. La cheminée adjacente au hall constitue un signal intéressant pour l’USINE C; elle sera le point de repère de l’activité artistique et deviendra le support de la sculpture réalisée par l’artiste Richard Purdy. Le choix de la cheminée semblait à la fois logique et téméraire. Le sculpteur Richard Purdy a relevé ce défi en ponctuant le sommet de cette cheminée d’un objet mystique fait d’acier corten sur le thème “Deus ex machina”.
L’exposition du béton de la trame originelle, l’utilisation précise de rideaux de verre ultra transparent, la renaissance de l’acier corten produite par le vieillissement progressif de ce matériau, engendrent un rapport subtil entre les anciennes surfaces et les volumes ajoutés. Ce jeu de contrastes est aussi présent dans la relation entre les surfaces lisses des panneaux en acier galvanisé et les surfaces dures. La pierre naturelle et la brique de teinte similaire à la brique existante se composent en panneaux et les surfaces de verre permettent de lire cet assemblage.
À l’intérieur, le linoléum foncé du plancher et l’ardoise naturelle polychrome ne transgressent pas cette règle de laisser le béton comme matériau de référence. Plâtre coloré, acier peint et naturel, bois brut et verre portent le même respect.
Le travail d’architecture de l’USINE C a été pensé en fonction du respect du lieu original, de l’usine, avec ses matériaux simples et bruts. On a voulu respecter la culture industrielle de ce bâtiment de la première moitié du siècle, gardant les colonnes et les plafonds de béton, et l’on devinait déjà, hier, dans le chantier, la qualité des rencontres avec les nouveaux matériaux, le verre, le métal, le fer, le bois. C’est l’artiste Richard Purdy qui réalisera la commande du 1% en imaginant une oeuvre à partir de la grande cheminée de l’usine autour de laquelle se déploiera ce nouveau lieu de création qui donnera à ce quartier de Montréal un poumon culturel pétant de santé.
- Robert Lévesque, Le Devoir, 23 février 1995
Parmi les nouvelles salles, c’est sans contredit la plus spectaculaire, la plus esthétique, la plus agréable et la mieux pensée. Allez-y seulement pour le coup d’oeil. C’est un pur ravissement.
Fini le style drabe façon polyvalente ou CLSC. Fini le gypse à la tonne et les couleurs qui rendent malade. Quand on entre dans le vaste hall de l’USINE C, on se croit à Berlin ou à Soho. Le béton poli est apparent, les poutres aussi, mais surtout il y a de l’espace à revendre; des kilomètres de pieds carrés (plus précisément 50 000) qui permettent de respirer et donnent envie de danser ou de jouer aux quilles.
Nathalie Petrowski, La Presse, 30 mars 1995
Un site impressionnant, une disposition nouvelle, chaleureuse, intelligente des salles à l’intérieur de cette ancienne usine de la compagnie Raymond. Enfin on pourra casser la croûte, prendre un verre et discuter à l’intérieur d’un édifice théâtral.
Jean Beaunoyer, La Presse, 27 février 1995
Il aurait fallu applaudir, mardi, les concepteurs, les ouvriers, les architectes qui ont réussi une véritable oeuvre d’art, un lieu théâtral qui place Montréal parmi les grandes capitales du théâtre du monde.
Jean Beaunoyer, La Presse, 30 mars 1995