Cofondée par Gilles Maheu et Danièle de Fontenay en 1980, la compagnie CARBONE 14 développe un langage théâtral original qui prend ses racines à l’école européenne du mime corporel d’Etienne Decroux, d’Yves Lebreton et d’Eugenio Barba, avec lesquels Gilles Maheu a étudié de 1970 à 1975.
CARBONE 14 se distingue par un travail soutenu de création et de recherche sur l’art de l’acteur et sur le développement d’une nouvelle écriture scénique où se fondent textes, danse, musique et film.
Les productions de CARBONE 14 s’articulent autour de la critique d’archétypes sociaux contemporains :
parodie de la société de consommation Pain blanc (1981);
plongeon dans la solitude et la difficulté de vivre L’Homme rouge (1982);
dénonciation de la brutalité physique et morale Le Rail (1983-1984);
réflexion sur la révolution Marat-Sade (1984);
regard allégorique sur le dénouement tragique des grandes destinées collectives Le Titanic (1985);
remise en question du rôle de l’individu dans le système bureaucratique Opium (1987);
regard troublant sur l’effondrement des idéologies Hamlet-Machine (1987);
incursion dans le rêve et l’enfance Le Dortoir (1988);
voyage mythique et confrontation des cultures Rivage à l’abandon (1990);
guerre éternelle entre les sexes Peau, chair et os (1991); portrait rageur et vibrant de la fin du siècle Le Café des aveugles(1992);
poème visuel abordant autant le fossé qui se creuse entre les générations que les rapports entre les sexes La Forêt(1994);
une rétrospective de 20 ans de création Vingt ans (1995);
réflexion par l’image sur le “cocooning” et la fuite dans la drogue Les Âmes mortes (1996);
sur certaines dualités de notre pays L’Hiver/Winterland (1998);
poème offert à notre inconscient collectif et individuel Femme comme paysage (1999);
fable sur l’éveil de l’enfant à la mort Tsuru (1999);
cocréation entre le Teatro Sunil et Carbone 14 Visitatio (2000);
poème théâtral en hommage à cet art de l’éphémère qu’est le théâtre de la vie Silences et cris (2001);
hommage à l’écriture, aux livres et à travers eux au fabuleux pouvoir de réconciliation de l’imaginaire La Bibliothèque ou ma mort était mon enfance (2003).
Ces créations s’inscrivent, telles des métaphores vivantes, dans cette quête incessante du devenir humain. Le carbone 14 n’est-il pas l’élément radioactif qui permet de dater et de mieux comprendre l’histoire de l’humanité?
Au cours de ses trente années d’existence, CARBONE 14 s’est mérité de nombreux prix dont le Masque pour la “Production de l’année” et celui des “Éclairages” pour Les Âmes mortes au Gala des Masques 1996, le grand prix 94 du Conseil des Arts de la Communauté Urbaine de Montréal, le prix spécial du Centre National des Arts, décerné en 1992 dans le cadre des Prix du Gouverneur général pour les arts de la scène, et en 1990 le prix spécial de l’Association québécoise des critiques de théâtre accordé à Gilles Maheu pour sa « trajectoire expérimentale qui a marqué les années 80 ».
En mars 1995, CARBONE 14 a inauguré son nouvel espace théâtral, l'USINE C, centre de production et de création pluridisciplinaire conçu pour répondre aux exigences spécifiques de la création peut accueillir 450 spectateurs et s’adapte à toutes les configurations scénographiques. Dans ses vingt premières années d’existence, l’USINE C a présenté plus de 1000 représentations en théâtre, danse, musique, opéra et arts médiatiques, qui ont attiré plus de 275 000 spectateurs.