BROS

L’USINE C est très fière d’accueillir Romeo Castellucci avec BROS pour une grande première nord-américaine. 

BROS incarne la communauté, cette force qui émerge du groupe au pouvoir. Une trentaine de policiers aux uniformes sombres prennent possession du plateau. Choisis lors d’un appel public et n’ayant pas été formés à leurs rôles, ces hommes déshumanisés, à la fois acteurs et spectateurs de leurs actes, se soumettent aux règles du jeu et à l’exécution d’ordres reçus en temps réel dans une oreillette. Les scènes prennent forme, en autant de tableaux rembranesques qui laissent entrevoir les faux-fonds de l’apparence, le côté obscur de la logique, l’incohérence de l’image, le manque d’imagination et de confiance en soi. Les images mentales prennent alors le dessus d’un espace vaporeux, dans un syncrétisme complet qui engendre un nouveau langage : énigmatique, sombre et composé de figures qui renvoient toujours à autre chose, tels des hiéroglyphes. Non sans rappeler les dystopies orwelliennes, la troublante expérience de Milgram en psychologie ou l’œuvre philosophique de Hannah Arendt sur la « la banalité du mal », Romeo Castellucci capture sur scène l’expérience de l’aliénation et peint la brutalité des fascismes avec une force picturale, poétique et politique sans précédent.

Avec BROS, l’artiste italien revient à une forme théâtrale radicale et conceptuelle capable de livrer des images et des sensations aussi puissantes que l’inconfort visuel et sonore devant lequel elle installe. D’une façon inouïe, Castellucci y fait spectacle d’une violence cyclique et paroxystique. — sceneweb.fr